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Revenu moyen d’un restaurant au Canada : statistiques et analyse

22 %. Ce n’est pas une rumeur, ni une prédiction hasardeuse : entre 2019 et 2023, le chiffre d’affaires moyen des restaurants à service complet au Canada s’est effondré d’un cinquième. L’irruption massive du télétravail a rebattu toutes les cartes, fracassant les repères d’un secteur déjà balloté par les saisons et les différences d’une province à l’autre.

En ville, les restaurants qui vivaient du flot quotidien des salariés voient leur caisse se vider. À l’inverse, certaines adresses en périphérie ne désemplissent plus. Les chiffres récents ne laissent place à aucune nostalgie : la façon dont les Canadiens consomment à l’extérieur a changé en profondeur, et l’équilibre économique de la restauration s’en trouve durablement modifié.

Le paysage de la restauration canadienne face à la montée du télétravail

La restauration au Canada subit un choc sans précédent, entraînée par le télétravail et la métamorphose des usages professionnels. Les centres-villes, longtemps considérés comme les poumons du marché des restaurants et des services alimentaires, voient leur fréquentation se contracter. La chute du trafic piétonnier frappe directement les revenus des établissements à service complet. D’un bout à l’autre du pays, de Vancouver à Montréal, Statistique Canada enregistre cette érosion, avec des différences marquées d’une province à l’autre, que ce soit en Colombie-Britannique ou à Terre-Neuve-et-Labrador.

Face à ce bouleversement, le secteur des restaurants à service restreint, sandwicheries, fast-foods, comptoirs à emporter, affiche une capacité d’adaptation qui force le respect. Ces acteurs n’hésitent pas à transformer leur offre, quitte à abandonner certains réflexes hérités du passé. Le marché des services de restauration se fragmente désormais de plusieurs façons :

  • Les secteurs résidentiels deviennent des terrains de conquête pour les restaurateurs, alors que les quartiers d’affaires perdent de leur attrait.
  • Les établissements qui investissent dans la livraison et le numérique s’ouvrent à une clientèle plus mobile, moins régulière, mais aussi plus large.

Dans l’est du pays, notamment à l’Île-du-Prince-Édouard, la reprise tarde. Les taux de croissance des revenus restent instables, révélant à quel point les petites structures sont exposées aux secousses du marché canadien de la restauration. Statistique Canada ne laisse guère de doute : les anciennes dynamiques s’effacent, la carte des débits de boissons se redessine au rythme des travailleurs qui troquent la tour de bureaux pour le canapé du salon.

Quelles tendances révèlent les chiffres récents sur les revenus des restaurants ?

Le secteur de la restauration au Canada affiche des résultats en montagnes russes, entre fractures régionales et bouleversements structurels. Statistique Canada annonce que le cap des 100 milliards de dollars a été franchi en 2023 pour les services d’hébergement et de restauration. Un palier impressionnant, mais qui masque d’énormes écarts selon les provinces et les modèles d’établissements.

L’Ontario reste en tête, raflant la plus grosse part des revenus, suivie par le Québec et la Colombie-Britannique. Du côté du service restreint, chaînes de restauration rapide et sandwicheries, la croissance tutoie les 12 % sur un an, loin devant la progression des restaurants à service complet. À l’inverse, les établissements de débits de boissons peinent à retrouver leur place d’avant la pandémie. Les centres-villes moins animés, les habitudes de consommation chamboulées : le constat s’impose.

Les nuances à retenir dans cette évolution se résument ainsi :

  • Le revenu moyen d’un restaurant au Canada varie énormément : en ville, les indépendants affichent de meilleurs résultats que les établissements ruraux, mais subissent des fluctuations saisonnières plus marquées.
  • En trois ans, la part des ventes réalisées via la livraison a doublé, bouleversant la manière dont les établissements génèrent leurs revenus.

Les établissements de services de restauration s’appuient désormais sur des formules hybrides, mêlant salle, emporté et digital. Les chiffres confirment un déplacement du centre de gravité du secteur, qui force chaque acteur à revoir son positionnement pour les prochaines années.

Défis, adaptations et pistes pour soutenir les restaurateurs à l’ère du travail à distance

Pour les professionnels de la restauration au Canada, le travail à distance n’est plus une option marginale : il redéfinit la donne. Privés de la manne des travailleurs de bureau, les restaurateurs des centres-villes voient la fréquentation et les revenus reculer. Les chiffres de Statistique Canada témoignent d’un essoufflement de la croissance dans les quartiers d’affaires. Pour les restaurants de débit de boissons, la raréfaction des afterworks se fait sentir, remplacés par des moments conviviaux plus intimes, à domicile.

Face à cette nouvelle donne, les adaptations s’accélèrent. Certains groupes de services de restauration testent de nouveaux horaires, d’autres font le pari de la livraison ou du prêt-à-emporter. Les restaurants à service restreint, portés par la montée des commandes en ligne, remanient leurs menus pour répondre à la demande de rapidité et de constance. La digitalisation s’impose, bouleversant les repères et réinventant le rapport entre restaurateur et client.

Quelques pistes s’affirment pour aider les restaurateurs à naviguer cette période de transition :

  • Proposer des horaires plus souples pour attirer une clientèle dispersée.
  • Lancer ou renforcer des partenariats avec des entreprises afin de maintenir des services alimentaires en entreprise ou à domicile.
  • Affiner la gestion des charges, notamment l’énergie et l’approvisionnement, alors que la pression sur les marges ne faiblit pas.

Les transformations de comportement, accélérées par le télétravail, forcent les acteurs du marché à revoir leur stratégie. Réagir vite, innover dans les formats, viser des niches : voilà ce qui fera la différence pour les restaurants canadiens dans ce paysage en mouvement.

La restauration au Canada n’a jamais été aussi mouvante. Ceux qui sauront se réinventer et anticiper les besoins d’une clientèle sans cesse redéfinie tiendront la barre. Les autres risquent de regarder le train passer, alors que le marché trace déjà de nouvelles lignes à grande vitesse.